Je suis de celles qui pensent ne pas avoir une apparence agréable sur les photos. Comme toutes les filles ordinaires, il me faut prendre une trentaine de photos de moi avant d’en trouver une seule qui me convient. La fameuse photo qui montre mon meilleur profil ; l’élue ! Celle que j’ai envie d’afficher fièrement sur mes réseaux sociaux.
Qui suis-je selon les standards de beauté de ce siècle ?
Qu’est-ce qui me définit comme belle et photogénique, en réalité ? Nous sommes exposées à longueur de journée à des publicités/films/séries télé qui nous montrent des femmes à la plastique de rêve, tant au niveau du visage que du corps. Les standards de beauté d’aujourd’hui nous éduquent à la beauté esthétique et au corps parfait.
J’ai souvent remarqué, dans les films ou séries d’action, que l’actrice principale était toujours une femme canon, au corps parfait et aux vêtements moulants pour relever le tout. Oui oui, remarquez bien que l’héroïne qui poursuit les méchants a toujours le corps qui va avec, de la tête jusqu’aux pieds.
Sauf que dans la vie réelle, les héroïnes que je côtoie ne sont pas les mêmes. Elles aussi trouvent que sur la photo, le double menton ressort un peu trop. Elles pensent qu’il est hors de question de partager l’image d’elles sur laquelle elles posent avec le bouton qui a décidé de se pointer au petit matin et les “poignets d’amour” qui se voient, même avec un filtre. Toutes ces petites imperfections, moi aussi je les partage. Ce sont les raisons qui font que la plupart des femmes ne se trouvent pas photogéniques.
Pas photogénique, mais…
Remy Donnadieu décrit la photographie comme étant un instant qui ne se réfléchit pas. Je veux croire que les trente photos de mon téléphone que je considère comme ratées ne sont que les captures des instants que je n’ai pas réfléchis. Je pense surtout, comme Berenice Abbott, que « La photographie aide les gens à voir. »
Alors oui, j’ai sur mon téléphone une tonne de selfies que je trouve horribles, mais je veux surtout voir que je ne suis pas :
- les complexes et les défauts que je vois au premier coup d’œil
- le visage des magazines
- la femme fatale et absolument parfaite des films
- celle qui est considérée comme un canon sur les photographies.
En réalité, sur la photo, je suis :
- une XL qui assume ses formes et ses rondeurs
- une fille à la grimace qui redonne le sourire
- une fille au sourire qui communique la joie
- une fille au teint imparfait qui montre fièrement la véritable beauté de l’imperfection
Je ne suis pas photogénique à cause de mon apparence. Je le suis parce que je suis une fille de tous les jours, celle qui possède bien plus qu’une apparence : une personnalité unique.
Emmanuelle Thiémélé-Kadjo est née et a grandit à Dakar, au Sénégal. Après un Bac Littéraire, elle part étudier à Bordeaux la Gestion des Entreprises et se spécialise dans la Gestion des Ressources Humaines. Très jeune, elle se passionne pour l’écriture, et fascinée par le pouvoir des mots, elle souhaite écrire pour encourager, relever et inspirer les jeunes (et moins jeune) femmes. Dans son temps libre, Emmanuelle aime particulièrement lire, cuisiner, danser, et se balader dans les grands espaces verts en écoutant de la musique.
