« Elle a 5000 abonnés sur Instagram… ce n’est pas réellement une influenceuse. »
J’avale une bouchée de mon carrot cake en essayant de comprendre ce que mon amie, assise en face de moi, un matcha latté à la main, vient de me dire (c’est sûrement la phrase la plus millennial que j’ai écrite). 5000 abonnés, ce n’est donc pas suffisant pour être considéré comme assez influent. Hm. Je hoche la tête et fais mine d’agréer. Au fond, je pense honteusement à mes 889 abonnés et je me sens complètement à la ramasse.
Cela ne dure qu’une seconde, cela dit. La seconde suivante, je songe à me révolter contre le système tout entier. Qui a dit qu’il fallait a minima 10000 abonnés pour avoir une influence ? Qui fait les règles ?
La question de l’influence
« Un influenceur est une personne active sur les réseaux sociaux qui, par son statut, sa position ou son exposition médiatique, est capable d’être un relais d’opinion influençant les habitudes de consommation dans un but marketing. » – définition Wikipedia
Cette conversation dans un café de Bordeaux m’a donc fait réfléchir à la notion d’influence. Est-ce que les personnes que je fréquente se trouvent influentes là où elles sont ? Ou bien pensent-elles que leur voix n’a pas assez de portée pour réellement avoir un impact quelconque ?
- La femme qui élève ses enfants d’une telle manière à ce qu’ils puissent devenir aimants et emphatiques possède une influence qui dépasse même l’étendue de sa propre vie.
- L’ami qui traverse avec caractère les hauts et les bas de sa vie ne sait peut-être pas à quel point il nous inspire à faire de même.
- Celle qui continue d’apprendre de nouvelles choses saisons après saisons, l’inconnu dans la maison au bout de la rue qui donne de la bonté juste avec ce qu’il possède, la prof de math qui éveille un intérêt par son attitude et le père qui ose se tromper et se montrer quand même… ne sont-ils pas influents rien qu’en vivant l’ordinaire avec profondeur ?
Quelque part dans l’équation, l’influence s’est cantonnée à la vie que nous menons derrière notre écran noir et aux chiffres qui s’affichent au-dessus du sacro-saint mot « abonnés » — qui sont parfois achetés, d’ailleurs. L’influence est d’une certaine manière devenue le domaine de ceux qui ont une voix assez puissante pour fédérer une communauté.
Et s’il faut un terme marketing à la manière dont nous interagissons avec nos abonnés, alors soit. Mais qu’en est-il de la phase cachée de l’influence, celle qui, loin des photos soigneusement orchestrées, cherche à élever et à ouvrir le dialogue ?
Ce qu’il faut se demander
« Vous êtes le sel de la terre« , nous a un jour dit cet homme-divin, qui n’était suivi *que* par douze personnes.
Il y a les influenceurs qui nous inspirent et nous défient de la meilleure des manières, qu’ils aient 50000 abonnés ou qu’ils n’aient même pas Instagram. Il y a aussi les influenceurs qui cherchent à servir leurs propres intérêts. Dans tout ça, comment savoir quel type d’influence nous voulons réellement avoir ?
L’influence est une question, non pas de chiffres, mais d’apport en saveur. Et de ce fait, elle n’est que rarement très épicée. Le plus souvent, elle se donne sur la durée, subtilement et à coup d’honnêteté.
Je laisserai à Seth Godin le mot de la fin : « Tu peux utiliser une radio géante pour diffuser un message aux milliards de milliards d’aliens qui vivent sur d’autres systèmes solaires. Est-ce que ça en vaut la peine ? Ton travail n’est pas d’interrompre ceux qui vivent sur d’autres planètes et qui ont d’autres centres d’intérêt. Ton travail est d’interagir avec ceux qui écoutent. »
Estelle Martorano est la créatrice de Comme d’Ordinaire. Après l’arrêt de ses études et un séjour de quelques mois en Angleterre, elle renoue avec son amour des mots et décide de mettre sa plume au service des “filles de tous les jours”. C’est depuis Bordeaux qu’elle apprends à utiliser ses imperfections et qu’elle passe son temps auprès de sa famille, de ses amis et de ses livres.
Merci Estelle pour ces textes il sont encourageants
Merci ma belle Maïwenn 🙂