La constance et le mythe du « sans faute »

Je sais, je sais. Je me pointe ici après de longs mois d’absence, pour parler… de constance. Pour qui est-ce que je me prends ? À cet instant, je suis probablement la personne la moins légitime pour écrire ce texte. Alors voilà, l’idée de cet article, ce n’est pas de vous donner « 12 étapes pour devenir parfaitement constante dans tous les domaines de votre vie en 3 semaines ». Les raccourcis-miracles, ça ne marche qu’un temps seulement (et c’est pas le style de la maison). Par contre — et ça sera toujours le cas ici — je peux partager avec vous les quelques leçons apprises en cours d’apprentissage. Si Comme d’Ordinaire a pu souffrir jusqu’ici de mon manque de fidélité, heureusement, il y a d’autres sphères de ma vie qui avancent mieux et qui m’ont enseignés quelques trucs, du genre…

La constance n’a rien à voir avec le « sans faute » et tout à voir avec les petits commencements

Combien de fois me suis-je arrêtée dans ma lancée dès que quelque chose déraillait de mon plan parfait ?

  • « J’ai loupé une semaine, mes efforts sont gâchés. »,
  • « Je le ferai quand les circonstances seront idéale. » (spoiler alert : c’est rarement le cas).
  • « Je me connais : je vais y arriver un temps, puis je vais abandonner. Je ne peux pas me faire confiance, autant arrêter tout de suite. »

Pire, combien de fois ai-je eu les yeux plus gros que le ventre, avec l’envie de démarrer plus fort que je ne l’aurais dû ? Impossible d’échapper à un découragement rapide et cuisant, puisque je me retrouve forcément avec une petite marge de progression et plus de fatigue que nécéssaire.

Voilà comment on tue un projet/une saine habitude/un objectif : en voulant tout, tout de suite. En s’accrochant si fort à un idéal que tout ce qui est imparfait (traduction alternative : en progrès) nous décourage. On les tue en méprisant les petits commencements, en ne s’accordant pas la grâce du débutant.

Qu’on se le dise d’emblée : il y aura des écarts faits, des jours loupés, des articles difficilement écrits, des rechutes et des mauvais-jours. Au milieu de tout ça, il y aura aussi la possibilité de se rappeler pourquoi on a commencé, de réajuster nos objectifs, et de recommencer encore. Et encore, et encore, et encore.

Être constant, c’est savoir revenir

Après tout, j’aurais pu arrêter d’écrire pour vous, après deux années à osciller douloureusement entre présence et absence. Mais je ne vais nul part, et c’est précisément pour ça que je parviendrai à être constante avec ce projet : j’ai beau avoir envie de tourner les talons dans l’autre direction, je reviens à chaque fois.

Et si je change de perspective une seconde, je réalise que j’ai une petite communauté. J’en suis encore aux débuts de l’aventure. C’est le moment parfait pour apprendre à recommencer. À être fidèle avec les petites choses.

Je ne connais pas les objectifs que tu t’es fixés, l’habitude que tu as envie d’implémenter dans ta vie, ni le rêve que tu poursuis. Et mon conseil est assez simpliste, je sais. Continue. C’est pas exactement 5 clés pour devenir une girlboss. Mais c’est tout ce que j’ai appris pour le moment. Il faut se faire violence parfois, compter sur Dieu beaucoup.

Il est facile d’avoir un rêve le matin, quand tout est frais et que l’énergie est là. C’est plus compliqué en plein milieu d’après-midi, quand l’excitation est retombée… Et c’est justement là que le caractère se forge : la motivation est une menteuse, et si on n’attend qu’elle, on n’avancera pas.

Amuse-toi avec le processus

C’est une chose qu’on nous apprend rarement, qui est pourtant essentielle. Comme si le fait de s’amuser en chemin rendait tous nos efforts vains. Comme si, pour que ça compte, il fallait que ce soit pénible et difficile. S’il y a des saisons qui nous demandent de serrer les dents, il faut également reconnaître que tout n’a pas besoin d’être compliqué tout le temps. En fait, il est même primordial de nourrir sa capacité à la joie et l’émerveillement, peu importe la saison.

Une amie me disait récemment : « Je sais que je dois faire du sport, mais je déteste ça« . Elle, elle avait envie de se dépenser en dansant. Mais elle se forçait à suivre des programmes dont le processus lui était pénible du début à la fin. On en a probablement toutes fait l’expérience. Et on sait toutes que ça ne fonctionne jamais sur la durée.

C’est le principe même de l’apprentissage : si je me laisse explorer une chose avec joie, il y a de grandes chances que mon exploration me conduise à davantage de d’explorations. Il est grisant le cercle vertueux de l’apprentissage, lorsqu’on se laisse aller à la curiosité et l’émerveillement.

Prends ce cours de danse, apprends à jouer du ukulélé juste parce que tu en as envie, perds-toi dans un livre. Rends-toi compte de ce que tu es capable de faire et d’endurer, tout ça sur fond de musique… amuse-toi.

Si ma petite expérience peut t’apprendre une chose… souviens-toi qu’en matière de constance, tu peux prendre le temps. Que c’est la grande image qui compte, et qu’un moment d’échec ne définira jamais tout ton chemin. Ce qui compte, c’est d’y aller petit à petit, d’explorer. C’est surtout le caractère que tu construit en revenant sans arrêt.


Estelle Martorano est la créatrice de Comme d’Ordinaire. Après l’arrêt de ses études et un séjour de quelques mois en Angleterre, elle renoue avec son amour des mots et décide de mettre sa plume au service des “filles de tous les jours”. C’est depuis la campagne Bordelaise (l’endroit le plus joli du monde, indiscutablement) (et probablement avec Ella Fizgerald dans les oreilles) qu’elle apprends à vivre pleinement sa vie ordinaire.

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