• Save

Le repos des perdants

« Tout est accompli. »

Puissent ces mots se poser sur tes os, dans les nuits où la peur te dit que la Croix n’était que le commencement et que tu dois accomplir la Grâce.

John Acuff

Je suis celle qui oublie ses rendez-vous. Celle dont les mots font plus de mal qu’elle ne le voudrait. Je suis en amnésie constante de la Bonté qui m’accompagne. Je fais des erreurs, je bégaye quand je suis fatiguée et je trébuche sur les mêmes vices.
Je suis une perdante.

Mais il y a cette lutte pour un peu de repos au dedans de moi qui ne se gagne que dans l’abandon : comme toutes les grandes choses, la Grâce ne fait pas vraiment sens. Elle me murmure que je n’ai pas à essayer de me sauver moi-même quand le monde, dehors, clame que je suis la seule détentrice de mon destin. Elle m’invite à donner ce que j’ai, ici et maintenant, et à apprendre que le résultat final ne m’appartient pas. Elle est exigeante, pour la seule raison qu’elle s’accomplit parfaitement dans mes faiblesses.

Heureux les perdants

Et quand on parvient à lâcher prise pour de bon (un exercice qui se répète à chaque nouveau jour), il y a même de la joie à trouver dans cette vérité.

  • Aujourd’hui, je serai peut être une soeur encourageante et une soeur exécrable.
  • Aujourd’hui, je réussirai, et aujourd’hui aussi, je me rétamerai royalement.
  • Aujourd’hui, les mêmes lèvres qui disent « je t’aime » diront aussi, avec la même intensité « t’es stupide ou quoi ? »
  • Aujourd’hui, les mêmes yeux qui essaient de voir le meilleur chez les autres refuseront de voir le meilleur en moi. Et d’autres fois, ils seront tant aveuglés par le meilleur en moi qu’ils en oublieront le meilleur chez les autres.

Pourtant, il restera toujours assez de bonté pour recommencer. Il y aura encore du repos à revendre pour les fronts plissés et les voix qui tremblent.

Les perdants sont heureux, parce que la liberté arrive réellement lorsqu’on se laisse le droit de perdre et d’avancer quand même.
Garder le compte de ce que nous gagnons et ce que nous perdons n’a, en fait, pas grand intérêt. « Parfois on gagne, parfois on apprend », comme dirait le magnet à frigo de la tante Suzette.

Je suis une perdante. Mais cette perdante a goûté à beaucoup de Grâce, et c’est là que s’est tenue toute la différence.


  • Save

Estelle Martorano est la créatrice de Comme d’Ordinaire. Après l’arrêt de ses études et un séjour de quelques mois en Angleterre, elle renoue avec son amour des mots et décide de mettre sa plume au service des “filles de tous les jours”. C’est depuis Bordeaux qu’elle apprends à utiliser ses imperfections et qu’elle passe son temps auprès de sa famille et de ses livres.

Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Share via
Copy link
Powered by Social Snap