Quand la vie va trop vite, je ferme les portes derrière moi

Si mon père était derrière mon épaule alors que j’écris cet article, il me taquinerait sur le titre que j’ai choisi. Et il aurait raison. Je laisse les placards grands ouverts après m’y être servie, j’oublie d’éteindre la lumière lorsque je quitte une pièce, et je ne ferme jamais une porte derrière moi. Mais l’été dernier, je me suis retrouvée sur les plages de ma belle Sicile à lire un roman, L’éveil de Mademoiselle Prim, qui m’a appris l’importance de fermer les portes. Pas d’une manière philosophique, du genre : « ferme les portes sur tes expériences passées », mais bien littéralement. Du genre : « Quand tu sors ou entre dans une pièce, referme la porte derrière toi ».

Alors ok, ça n’est pas criant de philosophie, dit comme ça… Mais en fait, c’est hautement important, surtout quand la vie va trop vite. Je m’explique.

Je ferme les portes pour bâtir des sanctuaires

L’ordinaire, c’est notre vase d’argile, notre offrande vivante et sainte (voir Romain 12.1). Quand je prends le temps de fermer une porte avant de me retourner, je ralentis le temps pour y dresser des sanctuaires. Ann Voskamp, dans son livre Mille Cadeaux, le dit mieux que moi :

« Et les yeux des aveugles se mettent à voir : c’est la chasse à la majesté qui ralentit majestueusement une vie. Et c’est eucharisteo (la gratitude) qui courbe le moment en une coupole de grâce, une architecture de sainteté, un lieu destiné à Dieu. L’action de grâce est en train de se muer en sanctuaire. Et je ne profanerai pas ce moment par une hâte ignorante ni une sordide ingratitude. (…) C’est ici le seul lieu où je peux l’aimer. »

Photo : Alexander Possingham

Quand tout va vite, j’ai besoin de trouver Dieu dans la quiétude et la gratitude. Alors je ferme les portes. Je prends le temps de préparer mon petit déjeuner. De découper des fruits, de faire bouillir de l’eau, de la verser dans ma tasse et de regarder la vapeur s’élever.

J’ancre mes pieds dans les moments les plus anodins d’apparence, pour me rappeler qu’Il est là, maintenant. Je Suis. Que je ne suis pas maître du temps, moi, mais simplement son intendante. Et je chuchote des « merci » pour les fruits, la tasse familière et l’eau pour faire le thé. Ici et là, des sanctuaires de communion sont bâtis, qui n’auraient jamais vu le jour si je m’étais précipitée dans la tâche suivante – comme c’est souvent le cas.

Ma vie cachée

C’est là toute l’importance de la fidélité dans l’ordinaire. Car où commencerait la fidélité, si ce n’est pas d’abord dans ce qui est caché des regards ? C.S. Lewis a dit : « L’intégrité, c’est faire ce qui est juste quand personne ne regarde. » On n’est pas généreux et empli de gratitude seulement devant les autres, mais en cachette premièrement, pour être sûr d’un cœur pur devant Dieu.

Photo : Kasia Sikorska

À quoi ressemble ta vie secrète à toi ?

Parce que cette histoire de fermer les portes et de vie secrète, elle vient premièrement d’un homme-Dieu qui a dit : « Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est  dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. »

C’est presque trop facile, quand on le lit comme ça. Mais c’est tout l’enjeu de la vie de tous les jours : abandonner notre envie d’être vu.e par les autres, pour cultiver l’essentiel dans ce qu’il a de moins scintillant. Le truc, c’est que la récompense d’une fidélité quotidienne et silencieuse dépasse largement n’importe quelle autre : une vie pleine, large, sainte. Et si cette fidélité quotidienne n’a rien de facile (ça se saurait, si prendre une bonne habitude était facile), elle n’est jamais hors de portée. Ça serait cruel de la part de Dieu, et il ne l’est pas.

Il nous invite plutôt à grandir en discipline et en obéissance, avec son aide, toujours, pour plus de liberté. C’est une affaire de constance, pas de perfection. Donc, heureusement, l’apprentissage d’une vie. Alors aujourd’hui, ferme les portes derrière-toi. Pour quelques minutes, ralentis ta course et prête attention à la présence de Je Suis, même dans les toutes, toutes petites choses. Et dresse des sanctuaires avec tes « merci ».

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